Les cantons de la Rojava (Cizîrê, Kobanê et Afrin) ont proclamé leur autonomie vis à vis de l’État syrien le 19 juillet 2012, puis leur « Contrat social » en janvier 2014. Depuis, ils expérimentent un système d’auto-gouvernement populaire, laïc, social et féministe. Chacun a élu une assemblée et un gouvernement cantonal appelé « Auto-administration démocratique » (DSA).
Le PKK, Parti des Travailleurs du Kurdistan (turc), à l’origine marxiste-léniniste, dirigé par Abdullah Öcalan, a renoncé à fonder un État-nation pour revendiquer une autonomie confédérale du Kurdistan, par-dessus les frontières étatiques existantes. Emprisonné depuis 1999, Öcalan a développé le concept de Confédéralisme démocratique, très inspiré par le Municipalisme Libertaire de Murray Bookchin. C’est ainsi que, alors que le « Printemps arabe » a engendré un gouvernement islamiste en Égypte par exemple, au Kurdistan syrien a eu lieu une révolution sociale, culturelle, éducative et politique encourageant la libre association des productrice et producteurs. Des Komin (communes) se sont mises en place dans chaque quartier.
La transition du modèle économique capitaliste vers une économie sociale est en route, avec pour objectif 80% de coopératives.
La théorie kurde de la libération de la femme, « théorie de la rupture » repose sur la jineoloji, la « science de la femme » et prône d’agir indépendamment de l’homme, de révéler sa conscience de sexe et de créer des organisations propres aux femmes.
Les auteurs successifs des ces articles, tout en expliquant et analysant le processus en cours, ne manque pas de tempérer leur enthousiasme par un regard critique, par exemple sur le culte de la liberté concernant Öcalan.
Le mouvement libertaire francophone a collecté des fonds pour développer des projets libertaires au Kurdistan et plusieurs volontaires ont rejoint l’unité anarchiste du bataillon international de libération. Leurs témoignages montrent leur soucis de ne pas se concevoir comme des révolutionnaires professionnels mais comme membres égaux au sein d’une communauté, impliqués dans les luttes locales et les projets de la société civile. « Nous disons « merde à toutes les avants-gardes révolutionnaires du monde » comme disait le sous-commandant Marcos. »
La stratégie de la Turquie d’Erdogan en Syrie et au Moyen-Orient est clairement expliquée, ainsi que la volonté de l’axe Téhéran-Ankara-Damas d’étrangler « cet insolent Rojava, contre-modèle démocratique et symbole anti-colonialiste », également la duplicité de l’Occident, notamment du gouvernement français qui salue la gauche kurde quand elle combat Daesch mais bloque l’enquête sur l’exécution de trois militantes à Paris le 9 janvier 2013 par un militant d’extrême droite connecté aux services secrets turcs.
Les analyses, notamment géopolitiques sont très approfondies et les compte-rendus à chaud d’une grande pertinence.
KURDISTAN, AUTOGESTION, RÉVOLUTION
Collectif
198 pages – 9 euros
Éditions Alternative libertaire – Paris – Mars 2018
http://boutique.alternativelibertaire.org/12-livres
Ayant recensé plusieurs ouvrages sur le Kurdistan, nous avons été ici un peu plus succinct et invitons les lecteurs intéressés à se rapporter aux articles précédents :
LA COMMUNE DU ROJAVA
UN AUTRE FUTUR POUR LE KURDISTAN ?
MAKE ROJAVA GREEN AGAIN
LA QUESTION KURDE
KOBANE CALLING
« SERHILDAN » : LE SOULÈVEMENT AU KURDISTAN
MOURIR POUR KOBANÉ
NANTES RÉVOLTÉE – Numéro 1
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire