5 janvier 2022

ALERTE VIRALE

Professeur de droit constitutionnel à l’université de Tsinghua avant d’être évincé de son poste, emprisonné puis assigné à résidence, Xu Zhangrun critique, avec ce texte publié en février 2020, la gestion de l’épidémie de coronavirus partie de Wuhan, et incrimine le système autocratique mis en place par Xi Jinping.
Considérant la situation « plus grave encore que lors d'une guerre totale », il déplore le « désordre organisationnel » et l’ « impuissance institutionnelle » d’un « régime politique moralement corrompu » qui ne cherche qu’à « régner sur ses fleuves et ses montagnes », « c'est-à-dire à préserver son pouvoir et ses intérêts, négligeant dans le même temps plus d'un milliard d'êtres humains, asservis et abandonnés à leur sort et aux vicissitudes du destin ». Aussi conjure-t-il le peuple à abandonner sa « mentalité d’esclave » et à ne plus se laisser écraser, rappelant qu’un peuple en colère ne connait plus la peur et qu’ « il est moins dangereux d’obstruer le cours d’un fleuve que de réduire un peuple au silence ».
Si l’ancien système technocratique n’était pas idéal, il avait au moins le mérite, selon lui, d’être autant motivé « par le souci du bien commun » que par l’intérêt propre de ceux qui se mettaient au service de l’État. Mais l’arrivée au pouvoir de « la progéniture de l’ancienne “nomenklatura“ » découragea « les technocrates les plus talentueux » et favorisa des « médiocres, se contentant de tirer bénéfice de leur héritage et de leur patronyme », « absolument inaptes à l’exercice du pouvoir » : « aujourd’hui ce sont la médiocrité, la servilité et la lâcheté qui règnent partout en maîtres ». Xu Zhangrun décrit la concentration inédite de tous les pouvoirs aux mains du chef de l’État avec la fusion du gouvernement et du Parti, qui a conduit au déclin économique, les mauvaises décisions prises à propos de Hongkong et Taïwan, la « pagaille sans nom » que sont devenues les relations internationales de la Chine, avec les États-Unis notamment, la pression de la censure qui a éliminé « ce qui de près ou de loin pouvait contribuer à la formation d’une société civile » et qui applique le « totalitarisme numérique big data » au moyen du « terrorisme Wechat ». Il explique pourquoi « ce régime totalitaire, qui fait mine d'être tout-puissant, est en réalité impuissant », puis, s’appuyant sur l’article 35 de la Constitution, réclame de toute urgence la suppression de la censure et de la surveillance généralisée, tout en doutant d’une transition pacifique. Pour épargner à la Chine un isolement sur la scène internationale, il préconise d’emprunter « la grande et glorieuse Voie des valeurs humaines universelles » et d’affirmer le principe fondamental de la souveraineté populaire fondé sur le peuple afin d’ « établir une démocratie constitutionnelle et une république véritablement populaire, prélude nécessaire à la mise en place d'un système étatique véritablement efficace ».
Même si ses recommandations pourront paraître naïves, Xu Zhangrun offre ici une critique de l’intérieur aussi rare que concise et précise.

Ernest London
Le bibliothécaire-armurier


ALERTE VIRALE
Quand la colère est plus forte que la peur
Xu Zhangrun
Avant propos de Jean-Philippe Béja
Préface de Geremie Barmé
78 pages – 10 euros
Éditions Rouge & Noir – Paris – Octobre 2021
Rédigé le 28 janvier 2020


Retrouvez la traduction de cet article en hollandais par Thom Holterman sur son site : libertaireorde.wordpress.com/2022/01/11/%EF%BF%BCkapitalistisch-communistische-partijtop-aan-het-werk-viraal-alert/




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