DEUX MAINS DANS LA TERRE - Vers une transition écologique

Remettant progressivement en question son métier et afin de retrouver son autonomie, un agriculteur s’engage dans une transition vers l’agriculture biologique. L’agronome Jacques Caplat adapte son discours en bande dessinée, le répartissant entre différents « informateurs » (épouse lectrice et inquiète, invité d’une matinale d’information radiophonique ou poadcast, collègues s’interrogeant également sur leurs pratiques ou ayant opté pour d’autres logiques, etc) contribuant à la prise de conscience.
Ainsi, découvre-t-on, en même temps que le personnage principal, un certain nombre de renseignements « très parlants » et déterminants, discrètement articulés pour constituer une puissante démonstration :

• « Aux États-Unis il faut 10 à 15 unités énergétiques de pétrole pour produire une unité énergétique alimentaire… […] On est devenu moins performants que les chasseurs-cueilleurs, même en Europe. »
• « Un sol bien conduit en bio avec une diversité de cultures peut absorber entre 100 et 300 millilitre d’eau par heure, donc il peut amortir les orages. Aujourd'hui, un sol conventionnel moyen n'absorbe plus que 1 millilitre d’eau par heure, le reste ruisselle et provoque des inondations. Les terres agricoles étaient des éponges. Ce sont désormais des toiles cirées. »
• « Lorsque qu'on épand 100 kilos d'azote minéral sur 1 hectare, on contribue autant à l'effet de serre qu'une voiture moyenne qui parcourt 10 000 kilomètres. Au final, pour le climat, il vaut mieux un aliment bio qui vient de loin qu’un aliment local qui reçoit des engrais azotés ! »
• Etc.

On comprend sans difficulté, par exemple, pourquoi « l’agriculture européenne et nord-américaine a un mauvais rendement énergétique et un mauvais rendement à l’hectare », mais un excellent rendement financier, pourquoi l’agriculture conventionnelle doit sortir du « réductionnisme scientifique » et de la « vision élitiste des savoirs » et pourquoi « il ne faut plus déléguer la fonction nourricière à l’agro-industrie ».

Laetitia Rouxel a su aborder avec intelligence l’illustration de cette histoire, évacuant complètement l’aspect pédagogique pour éviter une redondance qui aurait été pesante, en donnant, au contraire, une large place aux activités du quotidien et aux jeux d’enfants, ancrant ainsi l’exposé dans le réel.
Un manifeste suit la narration, pour bien mettre les points sur les « i » et synthétiser autrement le propos.

C’est très intéressant, très accessible très convaincant et donc très réussi.

Ernest London
Le bibliothécaire-armurier

 

 

DEUX MAINS DANS LA TERRE
Vers une transition écologique
Jacques Caplat et Laetitia Rouxel
144 pages – 19 euros
Éditions Actes Sud BD – Collection « Domaine du possible » – Arles – Novembre 2021
https://www.actes-sud.fr/catalogue/bande-dessinee/deux-mains-dans-la-terre

 

Voir aussi  :

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