Les Allemands et les Japonais ont gagné la Seconde Guerre mondiale. La solution finale a été étendue au « problème africain », décimant ce continent. La Méditerranée a été asséchée, embouteillée, transformée en terres arables grâce à l’énergie atomique.
Sur la côte pacifique des États-Unis et dans toutes les régions sous domination nippone, le Yi King, le Livre des mutations, l’oracle taoïste écrit il y a cinq mille ans, influence fortement la vie quotidienne, puisque beaucoup l’interrogent avant de prendre la moindre décision et suivent ses préceptes. Un autre ouvrage, Le Poids de la sauterelle de Hawthorne Abendsen, interdit dans les territoires sous contrôle allemand, anime toutes les conversations. Il raconte comment les Alliés auraient été vainqueurs en 1945 : Rooselvelt n’aurait pas été assassiné à Miami par Joe Zangara, mais réélu en 1936 et aurait activement mené une politique antinazie. Rommel, battu en Afrique du Nord, n’aurait jamais réussi à effectuer la jonction avec l’armée de Von Paulus en Russie, ni à s’approprier le pétrole au Moyen-Orient. Cette mise en abyme qui parcourt tout le roman s’avère au final plus troublante encore, instillant dans l’esprit du lecteur des doutes sur sa propre réalité ! La question de la vérité et de la falsification est omniprésente et traverse tous les récits parallèles de ce roman qui ne se rejoignent pas nécessairement : trafic de faux artefacts historiques, identité de certains protagonistes incertaine, vérité historique.
L’intérêt réflexif des uchronies n’est plus à démontrer. La puissance narrative de Philipp K.Dick laisse loin derrière tous les modèles du genre.
LE MAÎTRE DU HAUT CHÂTEAU
Philip K. Dick
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Michelle Charrier
Postface de Laurent Queyssi
386 pages – 7,90 euros
Éditions J’ai lu – Paris – Octobre 2013
Édition originale : The Man in the High Castle, 1962
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