« Car c'était comme ça dans le quartier. Il y avait des veuves de guerre, donc femmes de héros morts pour la Patrie. Et d'autres encore avec des bonshommes revenu avec une médaille en plus et une patte en moins, et peut-être aussi un zizi en déroute par ce qu'elles roumionaient que le jules était marqué par la guerre que c'était elles les vraies victimes. Alors, d'autant plus exorbitées contre les mutins de 17, les révolutionnaires qui n'avaient plus voulu monter au feu. » Et le jour où « la sombre connerie du voisinage » était montée d’un cran, la mère, pour s’être défendue « contre la meute » « comme une bête acculée », est embarquée par la police et Michou placé dans un orphelinat de guerre, avec d’autres mômes dont le « père avait été froidement assassiné », désormais « maudits jusqu'à la septième et même la septante-septième génération, comme le disait si bien la conne de Bible dont on les abreuvait à haute dose, à défaut de nourritures terrestres ». Rapidement il parvient à se faire adopter par une petite bande, dont il va devenir le chef, « sans que le mot soit jamais prononcé », et avec qui il va se faire la Belle : direction « les régions dévastées » pour dégoter un flingue et ensuite Neuilly, pour abattre le « mec à étoiles » responsable de tous leurs malheurs.
Saignante diatribe contre la guerre et la connerie humaine en général, celle de la société, de l’armée et de l’instruction primaire qui « permettait au moins de savoir ingérer l’intox au populo ». Dans une langue populaire et vivante, Jean Amila ne mâche pas ses mots. Rares sont les récits aussi justes et lucides sur la Première Guerre mondiale.
LE BOUCHER DES HURLUS
Jean Amila
228 pages – 6,50 euros
Éditions Gallimard – Collection « Folio policier – Montreuil – 1982
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