Deux frères subissent au quotidien la misère atavique du milieu familial ouvrier dans lequel ils grandissent. Neil Bousfield, graveur britannique émérite, raconte en deux cent bois gravés la prégnance de la reproduction sociale.
Même si l’école leur enjoint à « work hard », elle ne changera rien à leur sort. Ils peineront à trouver l’entrée de l’ascenseur social et tenteront quelques mauvais coup pour donner un petit coup de pouce au destin. En vain. L’origine sociale, l’éducation, le cadre familial, s’ils ne conditionnement entièrement les possibilités et les perspectives, les limitent drastiquement, fatalement. La pauvreté, l’alcool et les autres substances addictives, la malbouffe, l’usine, la violence conjugale, paraissent héréditaires. Pourtant, la prise de conscience pourrait constituer le premier pas pour échapper à cette spirale.
Dans ses images où le noir domine, la lumière est omniprésente. Le moindre rayon est prétexte à halos savamment travaillés, qui viennent strier la noirceur de cet univers, habiller les ombres. La technique, la thématique, l’ambiance, font bien sûr penser à Masereel.
Sans un mot, Neil Bousfield parvient à dire plus que bien des études sociologiques. Magnifique !
Ernest London
Le bibliothécaire-armurier
LA SPIRALE
Un roman sans parole
Neil Bousfield
112 pages – 23 euros
Éditions Ici-bas – Collection « Le tambour des fous » – Toulouse – Mai 2022
editionsicibas.fr/livres/la-spirale
Titre original : The Cycle, 2007
Site de l’artiste : www.neilbousfield.com/
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