« Un conte noir pour faire barrage à la haine » nous prévient la communication de l’éditeur. Écrit et publié dans l’urgence des résultats des élections européennes du 9 juin et dans l’attente de ceux des suivantes, cette nouvelle entend mettre en garde contre les dangers du totalitarisme en nous montrant les rouages de l’intérieur.
Le régime mis en place par Azurée Capitolina doit nous rappeler le programme d’un parti aux portes du pouvoir : loi sur le droit du sang (qui vire à l’épuration ethnique), droits de douanes (qui deviennent des « obstacles au commerce »), répression des opposants (qui devient arbitraire et sanglante). Extrapolation est aussi faite sur ses supposées intentions cachées : lutte contre l’avortement, contre le vagabondage, contre les invalides… Cette description suffirait à sidérer les lecteurs-électeurs, les effrayants par la simple vision des dangereuses conséquences de leur vote. Si beaucoup seront convaincus des méfaits de la dictature, il semble toujours compliqué d’établir des liens avec un parti dédiabolisé qui accèderait démocratiquement aux manettes, surtout face à des motivations dont la logique n’est pas toujours claire. Mais pourquoi pas ne pas tout tenter après tout ?
Bien que naïve, l’intention de l’auteur reste louable. Son histoire tient en tout cas la route et son écriture fignolée contribue à la crédibilité de l’intrigue. Mais les manigances du conseiller Hiero Praetor, chargé de la politique d’épuration, pour monter en grade, jusqu’à rajouter ses concurrents dans la liste des ennemis du régime dénoncés sous la torture, pourraient toutefois servir une toute autre leçon : n’est-ce pas tout simplement le pouvoir qui est maudit ?
Ernest London
Le bibliothécaire-armurier
LES FAUTEURS D’ORDRE
Conte subversif
Jean-Philippe Jaworski
34 pages – 5 euros
Éditions Denoël – Collection « Lunes d’encre » – Paris – Juin 2024
www.denoel.fr/catalogue/les-fauteurs-d-ordre/9782207183502
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