Égal à lui même, Mickaël Moore signe une charge
virulente contre les liquidateurs du rêve américain. Avec le même ton
sarcastique et excessif qu’il utilise dans ses films, il s’en prend aux « dégraisseurs »
en quête d’infinis profits et à leurs complices, les politiciens qui leur accordent
impunité et subventions, aux terroristes économiques comme aux délinquants en
col blanc.
À ceux qui veulent renvoyer les immigrés, il
démontre que seuls les Amérindiens sont de vrais américains et à la rigueur les
passagers du Mayflower. Les autres ne sont finalement que des descendants
d’immigrés !
À ceux qui dénoncent les assistés, il désigne les
entreprises qui touchent chaque année 170 milliards de subventions directes
tout en licenciant, délocalisant, fraudant le fisc, détruisant l’environnement
alors que la totalité des programmes sociaux (allocations familiales et
logement,… ) ne représentent que 50 milliards de dépenses annuelles et
profitent majoritairement à des personnes qui traversent une mauvaise passe
(pas plus de 2 ans).
Aux Noirs de Los Angeles, il conseille d’aller
incendier quelques villas à Beverly Hills pour commémorer les émeutes de 92 et
leur dessine même un plan pour qu’ils ne se perdent pas.
Avec le sens de l’excès qu’on lui connaît et qui
irrite certains, il contacte une association anti-avortement et propose à ses
membres d’élargir leur combat de défense de la vie aux spermatozoïdes, en
allant manifester devant les résidences étudiantes aux heures de diffusion d’Alerte à Malibu.
Il propose également de fonder une société de
gestion de centres pénitentiaires (à peine parodique) pour utiliser les immenses
locaux abandonnés par l’industrie
automobile à Flint, en employant les ouvriers licenciés, dans leurs anciennes tâches
et pour 10% de leur anciens salaires.
Après que Gorbatchev ait mis fin unilatéralement à
la guerre froide, il suggère au Président et à l’État Major quelques nouveaux
ennemis potentiels pour pouvoir de nouveau consacrer 50% du budget à une course
aux armements stérile et oublier le chômage.
Il demande au Consulat d’Afrique du Sud de leur
envoyer Nelson Mandela pour qu’il débarrasse les États-Unis de la ségrégation raciale qui
y sévit encore.
Toujours sur le mode de la dérision, il pousse la
logique capitaliste jusqu’à l’absurde : puisqu’une entreprise doit faire
du profit avant toute autre considération, il conseille donc à General Motors de vendre
du crack.
C’est drôle et instructif. Mickaël Moore utilise le
rire pour provoquer la prise de conscience. Ses excès et ses simplifications
ont le mérite de la pédagogie et pourront certainement toucher autrement que de
longs exposés théoriques. Tous les leviers sont bons !
DÉGRAISSEZ-MOI ÇA !
Mickaël Moore
Traduit de l’américain marc Marc Saint-Upéry.
226 pages – 6 euros.
Éditions 10/18 – collection
Fait et cause - Paris – février 2004
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