Êtres quasi éthérés, en permanence caressées par les éléments, les Ohias jouissent de leur naissance à leur mort. Elles ont soumis en esclavage de petits êtres rabougris, les Bullocks, dont elles dévorent la cervelle puis qu’elles chargent de construire leurs habitations. Quand il tente d’expliquer à leur reine la condition féminine terrestre (de 1926), elle n’y voit nulle oppression mais une immense habileté pour avoir su dominer les hommes qui triment tout le jour pour satisfaire leurs désirs et leurs besoins.
Lorsqu’il se retrouve chez les individus masculins réduits à leur simple fonction reproductive, les Bullocks donc, la satire est plus féroce encore. Organisés en sociétés bâtisseuses et guerrières, ils élaborent des théories à propos de tout phénomène. L’existence des Ohias n’est pour eux qu’une croyance que les plus savants abandonnent aux artistes et aux superstitieux. Leur sens civique qui les incite à militer au « parti socialiste de l’Avenir au Présent » ou à celui des « Neiges d’Antan » est une jolie trouvaille.
Le décalage créé par la fiction permet une grande liberté d’exagération qui alimente un fort ressort comique voire satirique. Une méthode originale d’appréhender un questionnement et de forcer la prise de conscience. Très amusant.
CAPILLARIA ou le pays des femmes
Frigyes Karinthy
Traduit du hongrois par Véronique Charaire
94 pages – 12 euros
Éditions La Différence – Collection Minos – Paris – 2014
Publié pour la première fois en Hongrie en 1926.
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