1 septembre 2018

L’AN 501, LA CONQUÊTE CONTINUE

La confrontation entre les conquérants et les peuples conquis à l’échelle planétaire se poursuit sous d’autres noms. L’Irlande, soumise puis empêchée de se développer, a servi de terrain expérimental pour l’élaboration dans la violence de la « doctrine du commerce » appliquée ensuite lors de la conquête du Nouveau Monde puis, de façon sélective, pour assurer la subordination du Sud. Noam Chomsky multiplie les dates, les faits et les chiffres dans cet opulent essai pour mettre en évidence la constance, cinq siècles durant, des stratégies de domination mises en oeuvre par les superpuissances dans les pays conquis mais aussi dans nos sociétés, l’utilisation des théories économiques, de la démocratie et des droits de l’homme comme des instruments de pouvoir destinés à dévaliser et exploiter les autres nations.

Appliquant sa méthode habituelle, il appuie systématiquement sa démonstration sur d’abondantes citations de discours de dirigeants, de rapports divers et variés, d’éditoriaux de la presse conservatrice, dont la confrontation à la réalité révèle le cynisme. Nous nous contenterons, dans un soucis de limpidité, la plupart du temps, de rapporter les faits. Il compare également le traitement médiatique des exactions occidentales en général et américaines en particuliers avec celui des « crimes » des pays soumis. L’exposé est si dense, les exemples si nombreux, qu’il nous a fallu, plus encore que d’habitude, n’en retenir que quelques uns pour rendre compte avant tout de l'argumentation aux dépends d’une abondance d’informations pourtant fort pertinentes.

« La conquête du Nouveau Monde déclencha deux énormes cataclysmes démographiques, sans précédent dans l’Histoire : la quasi-destruction de la population indigène de l’hémisphère occidental et la dévastation de l’Afrique où la traite des Noirs se développa rapidement pour répondre aux besoins des conquérants, le continent lui-même étant assujetti. »
Après la « conquête du monde » par l’Espagne et le Portugal, la Hollande a octroié à la Compagnie Hollandaise des Indes Orientales, créée en 1602, les pouvoirs d’une puissance souveraine, y compris le droit de faire la guerre et de signer des traités, qu’elle va cumuler avec ses fonctions commerciales. Puis les Anglais menèrent des expéditions de pillage de négociants pour s’approprier une partie des richesses des nations ibériques. John Maynard Keynes écrit que le pirate Sir Francis Drake ramena en Angleterre un butin qui « peut être raisonnablement considéré comme la source et l’origine des investissements britanniques à l’étranger ». Adam Smith remarque que les Européens devaient leur succès à la maîtrise des moyens de la violence. Cortès conquit le Mexique avec 500 espagnols, Pizarro renversa l’empire inca avec moins de 200. La Grande-Bretagne, au contraire de la Hollande, devint un état fort grâce à une augmentation considérable de la fiscalité à partir de la fin du XVIIe siècle. Au début du XVIIIe, l’impôt absorbait près du quart du revenu par habitant et dépassa le tiers pendant les guerres napoléoniennes.
Le Bengale était « l’une des perles du monde » avant que l’Angleterre n’impose sa politique du monopole, provoquant le déclin du commerce et de l’industrie locale, la diminution des recettes, jusqu’à ce que Calcutta et le Bangladesh deviennent les symboles de la misère et du désespoir. Pour protéger l’industrie textile britannique de la concurrence indienne, on transforma le Bengale en exportateur de produits agricoles et en débouché pour les manufactures britanniques. Le monde colonial a rempli sa fonction première de pourvoyeur de croissance pour les premières accumulations de capitaux. Les bénéfices profitèrent à quelques particuliers tandis que les dépenses furent supportées par toute la communauté. Un processus de « pacification rurale » fut réalisé en parallèle dans les pays européens en développement. L’Angleterre connu un développement économique plus rapide grâce à l’expropriation massive des paysans qui furent projetés de force sur le marché du travail. En France, ils parvinrent à conserver leurs titres de propriété. Cette « colonisation à domicile, qui amène les pauvres à entretenir les riches » s’accompagne d’un mépris de la démocratie.

Noam Chomsky s’applique à mettre en parallèle les événements fondateurs des États-Unis et des faits plus récents. L’annexion du Texas, nécessaire pour acquérir le monopole du coton et paralyser la Grande Bretagne dont la puissance militaire était trop forte à affronter, donna lieu à une intense propagande, semblable en bien des points à celle attribuée à Saddam Hussein après sa conquête du Koweit. Les documents de planification que l'auteur a consultés insistent sur le fait « que l’Amérique latine doit fournir des ressources et un environnement favorable aux hommes d’affaires et aux investisseurs. Si on peut y arriver par des élections officielles à des conditions qui garantissent les intérêts commerciaux, c’est parfait. S’il faut recourir au terrorisme d’État « pour détruire de façon permanente une menace perçue à la structure existante des privilèges socio-économiques et s’il faut pour cela éliminer la participation politique de la majorité numérique […] », c’est dommage mais c’est préférable à l’autre solution qui serait l’indépendance. »  Le Chili d’Allende fut perçu comme un « exemple contagieux » qui pourrait contaminer l’Amérique latine mais aussi l’Europe méridionale. Pour immuniser ceux qui risquaient d’être victime du virus cubain, ils empêchèrent sa propagation par l’invasion, la terreur, la guerre économique et l’éruption d’États policiers.
C’est l’intervention de l’État à grande échelle qui permit de vaincre les effets de la grande crise des années 30, avec des mesures quasi totalitaires, permettant de tripler la production industrielle américaine et donnant de précieuses leçons aux chefs d’entreprises du secteur privé qui dirigeaient l’économie de guerre. « Il n’y a que dans les fioritures des discours creux (ou dans certains milieux très marginaux) que le capitalisme est considéré comme un système viable. » Pour assurer le "nouvel ordre mondial" au sortir de la Seconde Guerre mondiale, il s’est agit de saper la résistance anti-fasciste à base populaire, d'affaiblir les classes laborieuses et de rétablir un pouvoir conservateur, à l’échelon mondial, avec une violence considérable lorsque cela s’avérait nécessaire, notamment en Grèce et en Corée du Sud. Comme le parti communiste italien menaçait de remporter les élections de 1948, les États-Unis envisagèrent une intervention militaire et, jusqu’à la fin des années 1970, ils déployèrent des efforts considérables pour corrompre la démocratie italienne. L’argent du plan Marshall fut utilisé pour reconstruire la marine marchande italienne afin de doubler le nombre d’émigrants transportés outre-mer chaque année, en priorité parmi les éléments perturbateurs. Toutes ces affirmations sont bien entendu étayées par des citations parfaitement officielles, provenant souvent d’archives déclassifiées. Ainsi, exemple parmi tant d’autres, Robert Pastor, conseiller du président Carter pour l’Amérique latine déclarait très clairement que les États-Unis veulent que les autres nations « agissent de façon indépendante, sauf si cette attitude peut avoir des effets négatifs sur les intérêts américains ».
Dans le Sud, le « Nouvel Ordre mondial » est perçu comme « une farouche guerre de classes à l’échelon international dans laquelle les économies capitalistes des pays développés et leurs multinationales monopolisent les moyens de violence et contrôlent les investissements, les capitaux, la technologie ainsi que les décisions de planification et d’organisation aux dépens de l’immense majorité de la population. »
Plusieurs centaines de multinationales dominent le commerce en imposant leurs conditions et « conseillant » les gouvernements sur le choix de leurs stratégies commerciales. Une étude de la Banque mondiale signale qu’en 1992 plus du tiers des échanges commerciaux américains s’effectuent entre les filiales étrangères et leurs maisons mères qui ont leur siège aux États-Unis. Les ajustements structurels imposés par le FMI et la Banque mondiale ont forcé
une centaine de pays à ouvrir leurs marchés aux importations, pendant que les riches refusaient d’abandonner leur subventions, leurs quotas et leurs barrières douanières.

Avant d’analyser la période de la guerre froide, interlude dans le conflit Nord-Sud de l’ère colombienne, Noam Chomsky revient sur la ligne fictive qui séparait déjà l’Est de l’Ouest dès le milieu du XVe siècle. Les communautés paysannes d’Europe occidentale avaient en effet réussi à briser les contrôles féodaux et à devenir complètement libres alors qu’à l’Est, l’implantation du servage ouvrit la voie « au développement du sous-développement », devenant l’un des premiers territoires coloniaux, le tiers-monde du XVIe siècle, pourvoyeur de matières premières pour les industriels de l’Ouest, banc d’essai pour les banquiers et les financiers. Après 1989, il ne fut pas permis aux pays de l’Est de tenter une « troisième voie » comme l’autogestion ouvrière. La Communauté européenne maintint un régime discriminatoire pour protéger son industrie et son agriculture tandis que la Pologne, par exemple, supprimait toutes ses barrières à l’importation. Le lobby de l’acier exigea une « reconversion » de l’industrie est-européennes de manière à l’incorporer dans le système occidental. « Aucun des États capitalistes n’accepte le principe de la libre circulation de la main-d’oeuvre, une condition sine qua non de la théorie du libre marché. » « Comme la démocratie et les droits à la personne, les théories économiques prônées par les dirigeants sont des instruments de pouvoir, destinés aux autres, afin qu’ils se laissent dévaliser et exploiter plus efficacement. »
Il évoque également la politique américaine à Cuba, Haïti, au Nicaragua, en Irak, en Corée mais il est impossible de tout rapporter ici. Il explique aussi que les expériences de marchés libres en Angleterre au XIXe siècle furent rapidement abandonnées et qu’aux États-Unis les entreprises n’ont cessé de s’adresser à l’État pour surmonter leurs problèmes et furent à l’origine de la bureaucratie gouvernementale depuis les années 1880. « Dès les années 1930, la foi en la viabilité du capitalisme avait pratiquement disparu, vu que les pays développés se dirigeaient vers l’une ou l’autre forme de système économique intégré dans l’État. »
« Les riches réclament la concurrence, mais ce qu’ils veulent, c’est le monopole. C’est du chantage. » Au nom de la propriété intellectuelle, les médicaments, les semences clonées dont les graines provenant des récoltes ne peuvent être réutilisées, même le génome humain, breveté avant même de connaître sa fonction, souvent élaborés grâce à des subventions publiques, ne pourront être produits à un coût moins élevé par les pays du Sud, pour garantir aux multinationales de solides profits.

Le concept de droits à la personne est devenu l’âme de la politique étrangère américaine. Noam Chomsky montre comment les atrocités commises par des ennemis officiels suscitent une large couverture médiatique, ce qui n’est pas le cas pour d’autres pays où les violations peuvent être tout aussi importantes et qui reçoivent une aide disproportionnée mais en corrélation avec l’amélioration du climat pour les investisseurs. Les exemples ne manquent pas : en Indonésie la CIA mit en place un programme d’aide et d’entraînement militaires qui prépara l’extermination de masse de centaines de milliers de paysans sans terre en 1965, puis le quasi-génocide au Timor oriental à partir de 1975, jusqu’au massacre de Dili en 1990 qui permit à 55 compagnies occidentales de signer des contrats de prospection du pétrole en mer du Timor. Celles-ci n’auraient sans doute pas été autant félicitées si elles s’étaient associées à l’Irak pour exploiter le pétrole kowétien, alors que Sadam Hussein avaient pourtant commis cent fois moins d’atrocité que Suharto.
L’acharnement a tenter de renverser Castro, jusqu’aux multiples tentatives d’assassinats, aux attentats comme celui commis contre une usine en 1960 qui tua 400 personnes, « de manière à éviter toute apparence d’une intervention américaine » selon la directive d’Eisenhower, est surtout motivé par les éléments de réussite économique malgré l’embargo qui n’a pas suffi à étouffer celle-ci.

Noam Chomsky explique ensuite comment les États-Unis ont remodelé le monde après 1945, endossant la responsabilité du bien-être du système capitaliste mondial, assignant à l’Amérique latine le rôle de vendre ses matières premières et d’absorber les excédents de capitaux américains. On favorisa, par exemple, le développement agricole au Brésil et ailleurs, tant qu’il évitait des programmes de « déstabilisation », comme la réforme agraire, qu’il dépendait du matériel agricole américain, qu’il stimulait la production de « produits complémentaires à la production américaine, comme le café, le cacao, le caoutchouc et le jute » et qu’il créait de nouveaux marchés pour les produits agricoles américains, tels que le blé ou les produits laitiers. En 1964, un régime policier de type néo-nazi reposant largement sur la torture et la répression s’empara du pouvoir et appliqua la doctrine néo-libérale, sous la tutelle permanente des États-Unis. « Alors que les derniers vestiges de l’ordre constitutionnel disparaissaient et que le climat s’améliorait pour les investissements, la Banque mondiale proposa ses premiers prêts depuis 15 ans et l’aide américaine augmenta rapidement, en même temps que la torture, les assassinats, la famine, la maladie, la mortalité infantile – et les profits. » Le pétrole du Venezuela qui concentre les plus importantes réserves en dehors du Moyen-Orient fut rapidement ouvert à l’exploitation étrangère par le régime brutal et vénal de Juan Vincente Gomez soutenu par les États-Unis. Pour renverser la démocratie capitaliste réformiste, ils organisèrent un coup d’État au Guatemala, responsable de la mort ou la disparition de 100 à 200 000 civils désarmés. Le Mexique est victime d’un trafic international d’enfants. 20 000 seraient envoyé aux États-Unis illégalement chaque année pour approvisionner un marché d’organes vitaux ou à des fins d’exploitation sexuelle ou expérimentale. Au Brésil, 75% des cadavres d’enfants assassinés présentaient des mutilations internes et la majorité avaient les yeux enlevés. L’auteur présente aussi les bilans pour la population des « cures » imposées par le FMI. Il raconte comment les produits chimiques interdits par les réglementations en Occident sont écoulés dans le tiers-monde. Tout ceci est présenté comme un « miracle économique » caractérisé par de belles statistiques macroéconomiques, de grands profits pour les investisseurs étrangers et du luxe pour les élites locales, en taisant autant que possible l’accroissement de la misère pour la majorité de la population. L’Argentine de Menem est un bel exemple de « pillage privé néo-libéral » mais la « réussite la plus phénoménale de toutes » est le Chili de Pinochet, de 1974 à 1989, aidé par ses Chicago boys. Si les programmes d’austérité brutaux furent l’oeuvre des néo-libéraux doctrinaires, les dettes énormes accumulées grâce au partenariat entre les militaires, les élites locales et les banques étrangères, doivent désormais être payées par les pauvres.
Un chapitre complet est consacré à Haïti, « première nation libre d’hommes libres », seul exemple dans l’histoire d’un peuple asservi qui brisa ses chaînes
, en 1804, et contraint par les armes une grande puissance coloniale à battre en retraite. En 1789 elle produisait les trois quarts du sucre du monde, était le plus grand producteur de café, de coton, d’indigo et de rhum grâce au travail des 450 000 esclaves. En 1915, les troupes de Wilson assassinèrent, détruisirent, rétablirent pratiquement l’esclavage et liquidèrent le système constitutionnel. Dès lors le pays était ouvert aux sociétés américaines jusqu’à devenir un des plus pauvres. L’histoire est on ne peut plus tragique : les Duvallier, les programmes d’ajustement structurel du FMI qui firent baisser la production agricole, Jean-Bertrand Aristide, premier président élu qui réussit à redresser le budget avant d’être renversé, programme américain de 23 millions de dollars pour exterminer 1,3 millions de porcs en 1982, bien après la disparition de la fièvre qui les avait touchés.
De la même façon, au Libéria, les agronomes américains ordonnèrent le remplacement des variétés de riz indigène à fort rendement par des variétés importés qui réduisirent la productivité de 50%.

Aux États-Unis, une énorme campagne fut menée par le tandem État-entreprises pour orienter les préférences vers l’étalement de la banlieue, le transport individuel, afin d’encourager la motorisation totale et le démantèlement des transports publics, but principal des Lois sur les autoroutes fédérales de 1944, 1956 et 1968, inspirées par une stratégie conçue par Alfred Sloan, PDG de General Motors. Dans les pays du Sud, il fallait que les paysans qui menaient une vie insouciante, acquièrent l’envie de nouveaux besoins, le désir d’objets de confort qu’ils pourraient obtenir grâce à leur travail, ce que l’industrie de la publicité s’empressa de stimuler et les exportateurs américains satisfirent généreusement. La United Fruit Company (UFCO) chercha à inculquer les valeurs de la société de consommation aux habitants d’Amérique centrale repliés sur une économie de subsistance et donc habitués à travailler peu pour obtenir ce que la terre leur offrait. Quand un sondage pointe que 70% des américains préféreraient un système de santé à la canadienne, le président Bush en personne leur explique qu’il faut éviter les problèmes d’un système bureaucratique « de type soviétique », même si la Blue Cross of Massachusetts emploie plus de personnes que les programmes de santé canadiens pour assurer dix fois moins de personnes et que la proportion de frais administratifs pour chaque dollar remboursé est deux fois plus élevée.

Le parallèle entre l’attaque de la base militaire américaine de Pearl Harbor, sur la colonie de Hawaï, annexée en 1898 et celle contre les milliers d’habitants d’Hiroshima et Nagasaki, et surtout entre le traitement historique des deux événements, est développé sur un long chapitre tout aussi dense que les autres. Un autre raconte les « efforts » américains pour éviter un règlement diplomatique du conflit au Vietnam. « La morale est au bout du fusil – et c’est nous qui avons les fusils. »
Le corollaire de la mondialisation de l’économie est la lutte des classes à domicile. Les États-Unis sont le seuls pays industrialisé, avec l’Afrique du Sud, à s’employer au démantèlement des syndicats. 700 grévistes ont été tués entre 1877 et 1968, contre un seul en grande-Bretagne depuis 1911.


Cette lecture pourra engendrer un profond désarroi tant l’accumulation de crimes d’État est accablante. Cette contre-histoire des conquêtes coloniales et de leurs prolongements jusqu’à nos jours est profondément édifiante. Les mécanismes de contrôle n’ont pas varié et demeurent d’une violence extrême.




L’AN 501, LA CONQUÊTE CONTINUE
Noam Chomsky
418 pages – 17,30 euros
Éditions de L’Herne – Collection « Théorie et stratégie
» – Paris – Janvier 2007
Première édition EPO et Éditions Écosociété – Bruxelles et Montréal – 1995



 


Voir aussi :

LES VEINES OUVERTES DE L’AMÉRIQUE LATINE : Une contre-histoire

TRÈS BRÈVE RELATION DE LA DESTRUCTION DES INDES

UN SIÈCLE DE DÉSHONNEUR

LA BOMBE - De l’inutilité des bombardements aériens

LA MENTALITÉ AMÉRICAINE

 

 

Du même auteur : 

LE CHAMP DU POSSIBLE

LA FABRIQUE DE L’OPINION PUBLIQUE - La Politique économique des médias américains

OCCUPY

11/9 – AUTOPSIE DES TERRORISMES

RESPONSABILITÉS DES INTELLECTUELS

SUR LE CONTRÔLE DE NOS VIES

 

 

 

 

 

 


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire