Si des dénombrements sont menés dès le Ve siècle avant notre ère dans l’Empire romain, mais aussi en Égypte ou en Chine, les premiers recensements systématiques et rationnels apparaissent en France au XVIe siècle. L’imprécision du savoir étatique sur la population nuisant à la levée de l’impôt et donc à la solde de l’armée royale, François 1er contraint, par le décret de Villers-Cotterêt en 1539, chaque paroisse à tenir des registres d’état civil. Puis Vauban publie en 1686 sa Méthode générale et facile pour faire des dénombrements des peuples. « Savoir c’est pouvoir. Gouverner c’est prévoir, donc dénombrer, mesurer, quantifier, répertorier, planifier. C’est à cette entreprise de connaissance rationalisée et donc de pouvoir, que se livre depuis l’administration. »
Les auteurs contestent que l’exploitation des données puissent être bonne ou mauvaise, et accusent la collecte de données d’induire par elle-même « la gestion des populations et la réification des individus ». « La technologie n’est pas séparable de ses applications. Et ce ne sont pas ses application mais la technologie statistique qui contient ce rapport d’instrumentalisation au monde », cette logique de dépossession et de sujétion des individus à l’État : la statistique permet tout autant d’optimiser le nombre de crèches que d’identifier et d’éliminer des maquisards en distribuant des cartes d’identité. « L’objet de la technologie statistique est le maintien de l’ordre par la pacification. » Ils rejettent les revendications pour une « amélioration des outils du système technicien » (réclamer l’anonymisation des données au nom des libertés individuelles par exemple) autant que les propositions de planification des besoins et des demandes dans une société post-capitalistes des auto-gestionnaires, car « le problème n’est pas dans la constitution de fichiers nominatifs, dans leur contrôle ou leur amélioration, mais dans la collecte même de données sur la vie des populations, dans ce rapport politique de gestion ».
C’est pourquoi, contre cette logique de gestion et de chosification, ils appellent à boycotter l’identification individuelle et collective. « S’insoumettre au recensement, c’est saper la base matérielle de l’emprise étatique. »
On pourra évidemment trouver ça un peu court et on aimerait en apprendre beaucoup plus sur l’histoire de l’identification des personnes (une petite bibliographie permet de répondre à cette attente), mais cette première approche, sur le mode pamphlétaire, propose déjà quelques bases.
CONTRE LE RECENSEMENT
La Police ce n’est pas ce que vous croyez
Mouvement Pour l’Abolition de la Carte d’Identité (MACI)
22 pages – 3 euros
Éditions Le Monde à l’envers – Grenoble – Mai 2012
lemondealenvers.lautre.net
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