Fermement convaincue que l’information pouvait changer le monde, Gerda Taro (1910-1937), première femme photo-reporter, est partie dès 1936, à ses risques et périls, couvrir la guerre civile en Espagne.
Issue d’une famille juive et communiste, Gerda Pohorylle fuit l’Allemagne et se réfugie à Paris. À la terrasse de La Coupole, le photographe hongrois Endre Ernő Friedmann la remarque et lui propose de poser pour lui. Elle va enfin se découvrir une vocation et apprendre le métier à ses côtés. « Le truc, c'est la lumière… Elle est là, mais la plupart du temps, tu n'y fais pas attention. C'est elle qui sculpte ton histoire. Elle montre quelque chose de furtif, une tension… comment dire… Une beauté qui n'existe que quelques secondes. Et toi, tu figes cet instant… tu le fais exister pour toujours. » lui confie-t’il. Mais les temps sont difficiles et parfois ils ne trouvent même pas de quoi se payer une place de cinéma. Elle aura l’intuition, grâce à sa connaissance des réseau et des agences, de le rendre présentable et, surtout, de lui trouver un pseudonyme pour présenter ses prochaines photos comme celles d’un photographe américain nouvellement installé à Paris : Robert Capa. On connait la suite. Elle-même adoptera le nom de Taro (Garbo étant déjà pris).
Le 19 juillet 1936, deux jours après le début du coup d’État, comprenant l’importance historique de l’événement, tous deux s’envolent pour l’Espagne. Elle découvre enfin « le sentiment de se sentir à sa place », dans un pays en guerre. Barcelone, Madrid, Tolède, ils se rapprochent du front, avant de repartir en France. Gerda Taro, femme libre, en amour comme en tout, mourra pendant la bataille de Brunete, près de Madrid, soucieuse de capturer des images qui feraient « enfin bouger l’opinion ». Cent mille personnes accompagneront son cercueil au Père Lachaise, tout près du mur des Fédérés.
Pour mettre en images ce scénario forcément très incarné de Fabrice Garate, qui alterne scènes de vie et témoignages, Sylvain Combrouse a opté pour un noir et gris légèrement bleuté. Parti pris judicieux pour illustrer une vie de photographe (en noir et blanc). Un carnet photo complète d’ailleurs l’ouvrage dans lequel on retrouve certains clichés que l’on vient de voir naître. Cette bande dessinée volumineuse vient, à la manière d’une stèle, rendre enfin hommage à cette grande dame.
Ernest London
Le bibliothécaire-armurier
GERDA TARO
Une photographe en guerre
Fabrice Garate Delgado et Sylvain Combrouze
Préface de Dorothée Olliéric
256 pages – 27 euros
Éditions La Boîte à bulles – Saint Avertin – Septembre 2025
www.la-boite-a-bulles.com/album/635
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