Rezvani indique dans sa courte préface avoir imaginé cette farce en « marque de solidarité envers un peuple qui, à l’époque, se battait « à mains nues », comme on disait, contre les USA ». Le rire est une arme puissante et c’est sans aucun scrupule que nous suivons les pérégrinations des deux protagonistes pour qui nous éprouvons même, sans remord, un certain attachement, alors que leurs victimes expiatoires ne nous suscitent aucune compassion. En filigrane, il distille quelques bribes d’analyse : « Un peuple qui n’a pas de langage est un peuple de tueurs. » Quand « les terribles rescapés des geôles européennes, ces produits de la civilisation bureaucratique chritico-masturbatoire » débarquèrent, les Indiens s’avancèrent avec confiance. Avec « naïve et rieuse générosité ils offraient ce qu’ils avaient de plus cher – voilà bien un langage ! – et de plus indispensable ». « Parler américain, c’est tirer plus vite que le type d’en face. »
Cette rage sourde, contenue par l’humour constant, parvient à se faire entendre en évitant de sombrer dans l’amertume d’une colère haineuse. Le dispositif narratif, notamment par ses rebondissements finaux dont nous ne révélerons bien évidemment rien, sans grande originalité peut-être mais avec beaucoup de maitrise, développe une force de dénonciation ravageuse et joyeuse.
LES AMÉRICANOÏAQUES
Rezvani
98 pages – 15 euros
Éditions de la Mauvaise Graine – Lyon – Novembre 2000
Première édition : Christian Bougois éditeur, 1970
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MOI, ARTEMISIA !
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