23 juin 2025

500 ANS DE RÉSISTANCE AUTOCHTONE

Lorsque la colonisation européenne a débuté avec l’arrivée de Christophe Colomb, les peuples autochtones d'Amérique comptaient 50 à 60 millions de personnes et parlaient plus de 1000 langues. En bande dessinée, Gord Hill raconte leur histoire, leurs traditions et surtout plus de 500 ans de résistance collective. 

Les premiers contacts sont immédiatement accompagnés de violence, de terreur et de dépossession. Comme tous les épisodes suivants, les expéditions de Colomb sont rigoureusement résumées et illustrées, avec un grand soucis du détail, notamment avec les costumes et les maquillages des protagonistes. Si l’auteur s’est visiblement beaucoup documenté, il ne partage que les dates et les chiffres les plus significatifs (nombre de combattants engagés, de victimes, etc). En 12 ans, 1,1 millions de Taïnos, peuplant l’île d’Hispaniola, périront, par le meurtre, sous la torture ou de famine. Les premières épidémies, contrairement à ce qu’affirment les historiens, n’apparaîtront que 10 ans plus tard. Le génocide sera désormais le moteur de la conquête. Pourtant, les peuples autochtones n’ont pas dit leur dernier mot. Sur l’île de Porto Rico, que les Taïnos appelaient Boriken, comme à Hispaniola, la résistance s’organise.

L’auteur présente également les Mayas, civilisation constituée de cités-États, dont certaines abritaient plus de 100 000 habitants, avant de rapporter différentes expéditions espagnoles et la résistance qui s’est poursuivie avec la révolution mexicaine (1910-1920) et le soulèvement zapatiste (1994). L’empire mexica, plus connu sous le nom d’aztèque, dont la capitale, Tenochtitián, construite sur le lac Texcoco, comptait entre 200 et 400 000 personnes, a été, comme on le sait, mis à bas par les troupes emmenées par Hernán Cortés. Attiré par l’or, Francisco Pizarro, avec peu de soldats mais disposant d’un armement nettement supérieur, renforcés par des milliers d’auxiliaires autochtones ralliés contre leur ennemi commun, défait l’empire inca, malgré une résistance, là-aussi, vigoureuse.



Les rébellions mapuches est certainement plus la impressionnante. En effet, ceux-ci ont entrainé une cavalerie qui rivalisait avec celle des Espagnols et la dépassait en nombre. Ils ont réussi à éliminer les colonies sur une partie de leur territoire, au sud de la rivière Bio-Bio, et bien que désormais intégrés à l’État chilien, ils défendent encore leur mode de vie et organisent régulièrement des actions directes contre les entreprises, en particulier forestières, qui menacent leur territoire.


« Le colonialisme est l'invasion et l'occupation des terres étrangères à des fins de peuplement et d’accaparement des ressources. » Il procède en général en quatre étapes : la reconnaissance, l'invasion, l'occupation et l’assimilation.


La première colonie britannique permanente en Amérique du Nord à peine établie à Jamestown, se trouve rapidement confrontée aux Powhatans, tribu de la confédération algonquienne. Celle de Plymouth, fondée par les colons arrivés à bord du Mayflower, est menacée par les Pequots, puis les Wampanoags, emmenés par Metacom, surnommé « le roi Philip ». Cette guerre fit le plus de victimes par habitant. Dans la région du Nouveau-Mexique, les Acomas, les Towas, les Tewas, les Zuñis et les Hopis repoussent les Espagnols et parviennent même à s’en libérer pendant une douzaine d’années. Est aussi rappelé la distribution de couvertures infestées de variole par Sir Jeffrey Amherst, commandant des forces britanniques d’Amérique du Nord. Pontiac, chef militaire ottawa, a arraché aux Britanniques, un traité qui mettait fin aux hostilités sans qu’aucune terre ne soit cédée, encore utilisé aujourd’hui dans la défense des territoires.


Après la révolution américaine, de nombreux peuples ont affronté, et souvent mis en déroute, l’armée des États-Unis. Gord Hill fait le récit de nombreuses batailles, indissociables de l’histoire de l’expansion américaine.

Dans les années 1960, émerge le mouvement panindianiste Red Power qui organisa l’occupation symbolique, comme celle de l’île d’Alcatraz pendant 19 mois, la Trail of Broken Treaties (caravane des traités violés) en 1972, le siège de Wounded Knee, lieu d’un massacre en décembre 1890. Les confrontations débouchent parfois sur des victoires, comme la libération de Ganienkeh, la terre du silex, qui demeure aujourd’hui encore un territoire mohawk souverain. En 1990, des affrontements armés opposent des guerriers Mohawks et leurs alliés à la police et à l’armée, près de Montréal, contre l’agrandissement d’un terrain de golf sur un cimetière mohawk, suscitant une solidarité, des bocages et des actes de sabotage dans tout le pays.

La rébellion zapatiste, diverses mobilisations récentes pour défendre des « territoires non cédés » ou contre des projets extractivistes (gaz de schiste, pipeline, etc)  sont également présentées.


Rare contre-histoire, vaste et accessible à un large public. Gord Hill fait preuve d'un exceptionnel sens de la synthèse et d'une précision « ethno-graphique » indiscutable. Indispensable !


Ernest London

Le bibliothécaire-armurier



500 ANS DE RÉSISTANCE AUTOCHTONE

Gord Hill

Traduction de Marie C Scholl-Dimanche

146 pages – 32 euros

Éditions Dépaysage – Malvezie (31) – mai 2025

www.editions-depaysage.fr/livres/500-ans-de-resistance-autochtone/

Titre original : The 500 Years of Indigenous Resistance Comic Book, Arsenal Pulp Press, 2021



Voir aussi : 

LEONARD PELTIER, non au massacre du peuple indien

L’AN 501, LA CONQUÊTE CONTINUE



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire