27 janvier 2019

LA COLONISATION

Dans cet article paru dans Les Temps Nouveaux en 1912, Jean Grave s’élève contre « ce produit hybride du patriotisme et du mercantilisme combinés – brigandage et vol à main armée, à l’usage des dirigeants ». Un particulier qui opère de la sorte chez son voisin est un criminel, mais dès qu’on opère en grand on appelle cela « civiliser les populations arriérées » !
« La bête féroce que l’on élève et entretient sous le nom de soldat est lâchée sur des populations inoffensives qui se voient livrées à tous les excès que pourront imaginer ces brutes déchaînées : on viole les femmes, on égorge les enfants, des villages sont livrés aux flammes, des populations entières sont chassées dans la plaine où elles périront fatalement de misère. Ce n’est rien que cela, laissez passer, c’est une nation policées, qui porte la civilisation chez les sauvages ! » Il dénonce la bourgeoisie intéressée à ces conquêtes qui lui facilitent « toute une série de tripotages financiers, au moyen desquels elle écumera l’épargne des gogos à la recherche des entreprises véreuses »,  qui lui permettent d’accaparer les terrains volés aux vaincus, d’exploiter des populations qu’elle pourra courber sous le travail et auxquelles elle pourra imposer ses produits. « Quels sont ceux qui auraient le plus besoin d’être « civilisés », des conquérants ou des populations inoffensives qui, la plupart du temps ont accueilli les envahisseurs à bras ouverts et, pour prix de leurs avances, en ont été torturées, décimées ? »
La charge est violente contre ce qu’il considère comme le prolongement de l’exploitation de la classe des travailleurs.



Dans cet extrait de La Gloire du Sabre paru en 1900, Paul Vigné d’Octon dénonce la tuerie commise à Madagascar sous les ordres du commandant Gérard le 30 août 1897. Averti des intentions pacifiques de la population, il décide pourtant « d’affirmer sa position » en « frappant un grand coup » : il ordonne aux détachements de tirailleurs sénégalais et algériens de passer au fil des baïonnettes cinq mille personnes surprises dans leur sommeil. Les rapports publiés ont voilé ce massacre avec soin jusqu’à ce que l’auteur également député radical-socialiste, le révèle à l’Assemblée nationale.


Alors que certains essayent encore de nous faire croire aux « bienfaits de la colonisation », jusqu’à les inscrire dans la loi et les programmes scolaires, ces deux textes parus au commencement du XXe siècle en constituent une dénonciation implacable et sans concession. Tandis que Jean Grave s’attaque aux fondements même de cette entreprise de « brigandage » avec une virulence convaincante, le témoignage de Paul Vigné d’Octon en est une parfaite illustration.



LA COLONISATION
Jean Grave
Suivi du massacre d’Ambiky
Paul Vigné d’Octon
36 pages – 7 euros.
Éditions du Sextant – Collection « Les Increvables » – Paris – Janvier 2019


 


Voir aussi :

1 commentaire:

  1. Les Malgaches, eux, n'ont pas la mémoire courte ! Et ils ont su se rebeller à plusieurs reprises. Seule réponse de l'état colonialiste ; le bain de sang...

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