9 juin 2018

CONGO 1905 - LE RAPPORT BRAZZA

Alors que l’exécution barbare (à la dynamite !) d’un indigène défraye la chronique, le gouvernement confie à Pierre Savorgnan de Brazza, découvreur du Congo, la mission d’enquêter et de démontrer que cet incident condamnable est isolé et nullement assimilable à un système organisé.

Déjà convaincu que l’État colonial est au service exclusif des compagnies qui ne songent qu’au pillage des ressources, il va découvrir, malgré les multiples entraves organisées pour lui faire perdre le temps qui lui est imparti, un véritable système esclavagiste. Bien que l’impôt puisse légalement être acquitté en argent par les indigènes, beaucoup l’ignorent et sont contraints de travailler dans les plantations censées prélever sur leurs salaires et verser à l’administration leur part d’impôt. Les femmes et les enfants sont pris en otage pour contraindre les plus récalcitrants. L’armée est au service des compagnie pour les alimenter en main d’oeuvre. Les faits qu’ils dénoncera seront étouffés par un procès mis en scène pour punir des coupables isolés et sont rapport disparaîtra purement et simplement.

Tristan Thil découvre son existence par un ami, Dominique Bellec, éditeur du Passager Clandestin, qui vient de dénicher un exemplaire aux archives de Ministère des colonies à Aix-en-Provence et s’apprête à le publier. Un important dossier documentaire explique cette histoire, illustré par quelques documents.
Les planches réalisées par Vincent Bailly sont remarquables, vraisemblablement très documentées. Ses décors sont très détaillés, ses dessins de costumes comme de véhicules extrêmement précis. Son trait jeté évoque certains carnets de voyages dont l’auteur se serait longuement attardé devant chaque scène. Sa mise en couleur à l’aquarelle est admirable : utilisant au mieux sa palette pour rendre la chaleur de l’Afrique, la violence des massacres, l’hiver parisien, l’humidité,…




Cette adaptation sera sans aucun doute plus accessible que le rapport lui-même (nous essaierons toutefois d’en rendre compte prochainement). On perçoit chez les auteurs le même honnête soucis que chez  Brazza de rendre compte avec justesse des crimes de la colonisation maquillés en bienfaits.




CONGO 1905 - LE RAPPORT BRAZZA
Le premier secret d’État de la « Françafrique »
Vincent Bailly et Tristan Thil
148 pages – 20 euros
Éditions Futuropolis – Paris – Juin 2018




 Voir aussi :

LE SOLILOQUE DU ROI LÉOPOLD

 

 

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