15 décembre 2019

LA COMMUNE DES PALMARES

Benjamin Péret relate l’histoire des communautés maronnes du Brésil, organisées en sociétés libres, et livre un « essai d’interprétation. »

« De tous les sentiments qui s’agitent dans le coeur de l’homme, le désir de liberté est certainement l’un des plus impérieux et sa satisfaction l’une des conditions essentielles de l’existence. C’est pourquoi, lorsqu’il s’en voit privé, il n’a de repos qu’il ne l’ait reconquise ; si bien que l’histoire pourrait se limiter à l’étude des attentas contre cette liberté et aux efforts des opprimés pour secouer le joug qui leur a été imposé. » Aussi, si « le marronnage représenta une réaction normale et instinctive », Benjamin Péret considère que l’aspiration fondamentale des Noirs de Palmares ne pouvait se réaliser que si elle était étendue à l’ensemble des Noirs du Brésil. Il constitua cependant une étape nécessaire à l’émancipation des Noirs.

Il expose les difficultés rencontrées pour retracer cette histoire en s’appuyant sur une source unique, celle des vainqueurs. «  Imaginons l’histoire de la Commune de Paris basée uniquement sur les conseils de guerre et dans sa version versaillaise ! » C’est pourquoi, il tente d’analyser les documents en sa possession ainsi que leurs commentateurs précédents.
L’esclavage des Noirs devint le système général d’exploitation des terres de l’Alagoas vers 1630, bien qu’il fut introduit dès 1570. Il eut toujours pour corollaire automatique la fuite des Noirs. Aucune forme d’État n’existait aux Palmares jusqu’aux premières expéditions hollandaises. Tous les fugitifs étant de condition égale, la solidarité entre eux était naturelle, tout comme la réception fraternelle des nouveaux arrivants et l’aide aux voisins malchanceux. Les décisions se prenaient sans autorité. Puis, aux alentours de 1676-1677, la multiplication des escarmouches nécessita un état d’alerte permanent. Le chef choisi pour diriger une expédition conservait le commandement entre les combats. Son autorité augmentait en même temps que son pouvoir s’étendait à des domaines de plus en plus variés, jusqu’à viser le pouvoir absolu. Un État s’était formé. Une période de division du travail plus ou moins systématique, une partie de la population se consacrant à l’agriculture tandis que l’autre assurait la protection, dû précéder l’introduction de l’esclavage dans la société marronne. Dés lors, les esclaves évadés n’avaient plus aucune raison de rejoindre les Palmares : un maître en valait un autre !
« La société marronne des Palmares représente un épisode de la lutte des hommes pour leur liberté. Cette tentative n’était pas viable dans les conditions qui virent sa création, pas plus que ne l’était le phalanstère de Fourier, qu’elle semble d’ailleurs préfigurer à ses meilleurs moments. Quoi qu’il en soit : l’existence des Palmares a insufflé aux Noirs du Brésil une grande espérance. »

En annexe, une brève histoire du Brésil et une chronologie de la Commune noire des Palmares, complètent cet exposé.



Intéressant, compte tenu du peu de documents sur le sujet.




LA COMMUNE DES PALMARES
« Que fut le quilombo des Palmares ? »
Benjamin Péret
Traduction du portugais de Carminda Batista
Préface de Robert Ponge
130 pages – 10 euros.
Éditions Syllepse – Collection « Les Archipels du surréalisme » – Paris – Juin 1999
Parution initiale dans les numéros 65 et 66 de la revue Anhembi, en avril et mai 1956



Du même auteur :

LE DÉSHONNEUR DES POÈTES.

 

Voir aussi : 

QUILOMBOS - Communautés d’esclaves insoumis au Brésil

DANDARA ET LES ESCLAVES LIBRES

 

 

 

 

 


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