17 janvier 2020

MYTHOPOÏESE

Depuis que les mésanges ont renversé les États (en ré-écrivant les discours des dirigeants), la pensée animiste s’est installée partout dans le monde : les chefs n’ont plus de pouvoir, les plantes et les animaux sont désormais considérés comme des personnes.

Le monde change. Macron propose de « définir les interactions qui vont se construire entre les zones qui resteront gérées par l’État, et celles qui s’organiseront en s’inspirant des ZAD du Chiapas et de tout ce qui à commencé à s’inventer sur les ronds-points et dans les maisons du peuple ». Une loi stipule que toute personne tentant d’encourager la réinstauration d’une relation d’exploitation à l’égard des plantes, des animaux ou des écosystèmes, est passible d’emprisonnement à vie. En classe verte, les enfants font sauter les champs d’éoliennes qui dérangent les populations de chauves-souris, « surtout celles de la pipistrelles de Nathusius qui est déjà super rare », et l’anthropologue jivaro Wajari Tsamarin se bat pour que certaines pratiques traditionnelles puissent subsister, comme dans la zone protégée du sud Seine-et-Marne où vivent encore « plusieurs grands chefs occidentaux », au milieu de « splendides champs en monoculture ».

 





On retrouve donc les personnages et le même principe narratif que dans les deux volumes précédents. Le renversement de paradigme dépasse le simple petit jeu ironique et démontre qu’un autre monde possible est à portée, comme par un simple pas de côté.

Un texte en annexe livre une excellente analyse des enjeux actuels et propose une feuille de route intéressante et crédible : comment sortir de la « déséconomisation de l’existence » en expérimentant « ce que pourraient être des mondes post-capitalistes », à s’organiser à l’écart de l’État dans tous les territoires libérés, mis en réseaux entre eux.
« La crise écologique rebat ainsi les cartes des alliances possibles, redéfinit tant la notion de « progrès » que les critères d’émancipation. Ainsi, contrairement à ce que prétend le pouvoir en place qui a tout intérêt à entretenir un antagonisme factice entre les questions sociales et environnementales, la lutte des gilets jaunes pose les bases d’une proposition écologiste substantielle. Les acteurs et actrices de cette lutte refusent collectivement le statut d’objet qui leur est socialement attribué et aspirent à redevenir des sujets. Ils et elles ne veulent plus être des marchandises interchangeables et jetables – des ressources humaines – dont la valeur, ou l’absence de valeur, ne dépend que de la fonction remplie dans les activités économiques. »
À lire de toute urgence !






MYTHOPOÏESE
Petit traité d’écologie sauvage 3
Alessandro Pignocchi
124 pages – 14 euros
Éditions Steinkis – Paris – Janvier 2020
Suivre le blog de l’auteur : https://puntish.blogspot.com/

 


Du même auteur :

PETIT TRAITÉ D’ÉCOLOGIE SAUVAGE

LA COSMOLOGIE DU FUTUR

LA RECOMPOSITION DES MONDES

 

 

 

 

 



1 commentaire:

  1. Merci pour l'interview de l'auteur que vous m'avez permis de découvrir dans la chronique du tome 2! "... c'est de l'humour absurde, "débile", peut-être, mais ça fait aussi découvrir la curiosité intellectuelle de l'anthropologue. Et pour l'auteur, quand il est affligé par notre réalité, il peut s'en abstraire en rêvant les personnages politiques de notre quotidien réagissant dans des positions alternatives.
    Bref, vos articles sont beaucoup plus "sérieux" que la ,petite chroniquette des 3 (premiers) albums parus de cette série que j'ai découverte tout récemment.
    (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola

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