Il s’avère que les fonds d’Elf transitaient par les comptes personnels, en Suisse ou au Luxembourg, d’André Tarallo, responsable de la politique africaine du groupe, et d'Alfred Sirven qui a contribué à la nomination de Loïk Le Floch-Prigent à la tête de l’entreprise et qui deviendra son « Directeur des Affaires Générales ».
Elf a racheté la propriété d’un ami du Président Mitterrand, située dans le golf de Saint-Cloud où tous deux se retrouvaient régulièrement, tout en le laissant y résider et réglant ses factures. Un appartement a également été acheté, quai d’Orsay à Paris, au nom d’André Tarallo, prétendument pour le Président Bongo qui n’y a jamais séjourné, ainsi qu’une villa de 23 millions d’euros en Corse. Loïk Le Floch-Prigent a bénéficié d’un hôtel particulier de 500 mètres carrés dans le XVIe arrondissement et d’une propriété en Normandie.
Derrière ces abus, c’est tout un fonctionnement qui apparait. Le Floch-Prigent ne s’embarrasse d’ailleurs pas pour l’avouer : « Le système a été créé par le Général de Gaulle. Elf n’était pas seulement une société pétrolière. C’était une diplomatie parallèle destinée à garder le contrôle de la France sur les États africains au moment de leur décolonisation. » « On va appeler un chat un chat : Elf a été créé pour maintenir l’Algérie et les rois nègres dans l’orbite française par le biais du pétrole. Avec les Algériens, ça a capoté. Avec les rois nègres ça se poursuit. Le système a été créé pour permettre cette opacité. Le Président d’Elf est un ministre-bis de la Coopération. » « Et c’est pourquoi Elf a de tout temps financé les services secrets. Elf avait donc trois objectifs : industriel, diplomatique et politique. »
Si ces trois là ont été condamnés, le nouveau PDG d’Elf, Philippe Jaffré, à l’origine de la plainte et de l’enquête, a multiplié par quatre son salaire en arrivant et a perçu en partant des indemnités d’un montant pratiquement équivalent à celui des trois patrimoines immobiliers controversés. « Ce sont donc les hommes qui furent jugés à la demande d’Elf. Mais pas le système Elf. Ce système qui a contribué à la dépossession des peuples africains de leur richesse en stimulant les guerres et dévastant les biens publics au nom de notre République. », conclut l’auteur.
Fidèle à son procédé de rendre intelligible et accessible des dossiers complexes (la politique nucléaire de la France et les ventes d’armes), en restituant sous forme théâtrale les propos des protagonistes, Nicolas Lambert va à l’essentiel.
ELF, LA POMPE AFRIQUE
Lecture d’un procès
Nicolas Lambert
Préface de François-Xavier Verschave
98 pages – 12 euros.
Éditions Tribor – Collection « Autrement dit » – Bruxelles (Belgique) – Janvier 2006
128 pages – 10 euros.
Éditions L’Échappée – Paris – Mars 2014
Du même auteur :
AVENIR RADIEUX - Une Fission française
LE MANIEMENT DES LARMES
De François-Xavier Verschave :
DE LA FRANÇAFRIQUE À LA MAFIAFRIQUE
Et un extrait du spectacle ici.
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