Ils accusent les hommes de maltraiter les animaux pour se nourrir, de persécuter les femmes depuis la nuit des temps, avec des chasses aux sorcières qui se poursuivent encore aujourd’hui, de détruire la nature, de l’empoisonner, de la débiter en morceaux, de la recouvrir de parkings, de s’entretuer et de s’exterminer par la guerre, bref, d’être « en réalité les véritables monstres ». Pour tous ces crimes, la peine capitale est requise : cet enfant sera vidé de son sang pour en faire du boudin, transformé en soupe aux oignons ou préparé en steak tartare. Pour sa défense, il demande à ne pas « mettre tous les hommes dans le même panier » car « l’homme est capable du pire mais aussi du meilleur », et promet de se battre pour construire un monde meilleur : « Non seulement je suis innocent, mais en plus, je suis le seul espoir de voir ce monde s’améliorer. Vous n’allez quand même pas tuer l’espoir ? »
Grégoire Kocjan est diabolique. Il fait porter sur les frêles épaules de ses jeunes lecteurs (et interprètes, puisqu’il s’agit là d’une pièce de théâtre à monter avec des enfants) une immense responsabilité : il les terrorise pour qu’ils protègent, respectent et partagent, pour qu’ils préservent l’avenir. C’est frontal, bien qu’enrobé de beaucoup d’humour, manichéen, avec un renversement de point de vue qui ne peut que prêter à réflexion, et certainement efficace. Il faut parfois ne pas y aller par quatre chemins. Nous serions curieux de surprendre les débats suscités par certaines tirades, d’entendre les jeunes comédiens raconter avec leurs propres mots cette histoire, le soir, à la maison.
Ernest London
Le bibliothécaire-armurier
LES MONSTRES
Grégoire Kocjan
50 pages – 3,50 euros
Éditions Syros – Collection « Théâtre à jouer » – Paris – Février 2021
www.syros.fr/les-monstres-9782748527315.html
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