Ramón Vila Capdevila, dit Caracremada, s’est engagé dans les groupes d’action armée, en Espagne, dès les années 1920 et n’a cessé de lutter, les armes à la main, contre le fascisme, rejoignant le maquis du Limousin, lors de son exil en France, puis poursuivant la lutte clandestine contre le régime franquiste, jusqu’à son dernier soupir.
Il « misa sur l'affinité entre compagnons plutôt que de se fier aveuglément aux mécanismes de l'adhésion idéologique qui compte les membres », Conscient de la supériorité numérique et technique de l'ennemi, il choisit la guérilla autonome, la guerre diffuse par petits groupes mobiles qui harcèlent les forces, les attaquant par surprise, et sabotent les infrastructures, évitant la symétrie dans l’affrontement et obligeant l’État à déployer en permanence un grand nombre d'effectifs.
Né à la cal Peron, dans les Pyrénées, au cœur de la Catalogne, le 1er avril 1908, il ne fréquenta pas l’école, devant aider son père à la ferme et aux champs. Il doit son surnom, « visage brûlé », à un incendie qui détruisit la maison familiale, tua sa petite sœur et le blessa grièvement. Il enchaîne les boulot en usine et adhère rapidement à la CNT. Son premier sabotage, en 1928, pourrait être la destruction des machines toutes neuves d’une usine de Pobla de Lillet, dont le patron venait de licencier un nombre important d’ouvriers. Avec la fin de la dictature de Primo de Rivera, en 1930, l’instauration de la Seconde République, en 1931, la CNT, dans un climat d’instabilité politique, essaye de déclencher des insurrections révolutionnaires pour installer le communisme libertaire, permettant à ses membres de faire d’importantes expériences, notamment dans l'organisation de la lutte insurrectionnelle. Ramón Vila est arrêté et emprisonné à plusieurs reprises. Il est libéré de la prison San Miguel de Los Reyes, à Valence, par un petit groupe d’anarchistes, au moment de la défaite de putschistes, après le coup d’État de juillet 1936, puis participe aux opérations militaires contre les fascistes, au sein de la Colonne de fer. Début 1939, il doit s’exiler en France, comme des milliers d’autres. Interné dans le camp de Saint-Cyprien, puis d’Argelès-sur-Mer, il s’évade pour rejoindre la clandestinité, est arrêté et envoyé par les autorités allemandes dans les mines de bauxite de Bédarieux, gérées par l’Organisation Todt, dont il s’échappe pour rejoindre la Résistance, aux environs de Limoges. Après la défaite de l'Allemagne nazie, il s’engage dans la lutte armée contre le franquisme.
Son parcours est scrupuleusement détaillé, avec force détails, jusqu’à l’embuscade au cours de laquelle il est abattu, en 1963.
Trois témoignages de compagnons, ainsi qu’un important lexique biographique des noms cités, viennent compléter et enrichir cet exposé.
S’il fallait absolument tirer une leçon de ce destin intègre, si ce n’est exemplaire, c’est certainement celle qui est proposée en avant-propos : « Face au totalitarisme technologique qui est en train de réaliser un contrôle capillaire peut-être sans précédent à travers la dissémination de l'électronique dans tout l'espace physique et social, la conception informelle et anarchiste de la lutte souterraine semble de loin la plus appropriée pour continuer à attaquer la domination. »
Ernest London
Le bibliothécaire-armurier
CARACREMADA
Sur les sentiers de la guerilla en Espagne (1945-1963)
Anonyme
212 pages – 8 euros
Éditions Tumult – Bruxelles – Février 2022
tumult.noblogs.org/caracremada-sur-les-sentiers-de-la-guerilla-en-espagne-1945-1963/
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