Le dispositif est des plus simples : Nestor Makhno et Buenavuentura Durruti se rencontrent à Paris, en 1927, avec leurs compagnes et quelques amis. Les récits croisés de leurs vies respectives permet de nombreux flash-back qui forment deux épopées parallèles. Des débats théoriques, habilement répartis et, en quelque sorte, reliés à la pratique par l’illustration des épisodes biographiques, sont âpres et passionnants. La recherche de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, l’anarchie et la lutte contre l’oppression, servent de fils conducteurs.
144 citations, aphorismes, proverbes évoquant l’aliénation du travail, sont réunis ici comme autant de raisons d’abolir celui-ci.
Vice-président du comité consultatif du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, Jean Ziegler s’est rendu à Lesbos en mai 2019, île grecque qui abrite le plus grand centre d’accueil de réfugiés, dans lequel s’entassent 18 000 personnes. Il dénonce des conditions d’enfermement qui violent les droits les plus élémentaires et sont la honte de l’Europe.
Agustín García Calvo définit et analyse l’histoire dans ses phases successives suivant un mouvement d’abstraction de la vie et d’écrasement des traditions autonomes et collectives, incarnées dans une mémoire intuitive, pratique et créative. L’Histoire, comme « falsification de la Réalité », sert la domination qu’il souhaite mettre en péril en dénonçant cette confusion.
« Tinte-Caboche est né du feu et des flammes.
Enfanté dans les vapeurs infernales.
Modelé dans le martèlement sourd
de mécaniques stridentes et dévorantes. »
Ce casque de soldat, à peine sorti de l’usine, rejoint le front où il sauvera souvent le vie d’Étienne, jusqu’au jour où le souffle d’un obus…
Comment naquit la sécurité sociale belge, négociée clandestinement pendant pendant l’Occupation entre patrons et syndicats, « oeuvre de compromis saupoudrée de gros bon sens bien belge » imposée à la Libération sur les ruines du pays. Harald Franssen raconte cette épopée par le regard de deux enfants qui espionnent leurs discrètes réunions. Il alterne ce récit avec celui de l’hospitalisation de sa propre fille à sa naissance et de l’opération à coeur ouvert qu’elle subit, ainsi que ceux d’autres destins tragiques qu’il a croisés à cette occasion.
Replaçant le cas Zemmour dans une perspective historique, notamment dans une certaine continuité du parcours d’Édouard Drumont, Gérard Noiriel analyse la « matrice du discours réactionnaire » développée par ces polémistes, leur rhétorique, leur réception, et proposent des pistes pour combattre efficacement cette démagogie populiste.
Jean-Pierre Garnier, sociologue critique de l’urbanisme, dénonce une entreprise concertée de normalisation de l’espace urbain à des fins très prosaïques de maintien de l’ordre, « un remodelage physique de l’espace construit à des fins plus ou moins explicites de défense sociale contre un nouvel ennemi intérieur » : les « mauvais pauvres ».
Histoire d’un mot. Pendant deux mille ans, de la Grèce antique jusqu’au milieu du XIXe siècle, « démocratie » a désigné sans discontinué « un régime politique où le peuple se gouverne seul, sans autorité suprême qui puisse lui imposer sa volonté et le contraindre à l’obéissance ». Longtemps terme repoussoir pour les « pères fondateurs » de la démocratie moderne, aux États-Unis et en France, ceux-ci commencent à s’en réclamer pour désigner le régime libéral électoral jusque là nommé « république », dans lequel une poignée de politiciens élus détient le pouvoir, prétendument au nom du peuple souverain. Francis Dupuis-Déri étudie les discours de ces antidémocrates déclarés, dans leur lutte pour le contrôle des institutions et des ressources, pour comprendre comment la définition du sens attribué à la démocratie s’est renversé et a évolué sous leur pression, par soucis d’accroitre leur pouvoir de séduction en période électorale.
« Devant l’insuffisance et l’impuissance des discours critiques de ceux qui se disent hostiles au cours actuel des choses », face à une contestation « prisonnière de l’idéologie du progrès », Matthieu Amiech et Julien Mattern prennent la plume et invitent la gauche à s’affranchir enfin du « mythe du progrès ».
Frédéric Antonini propose de mettre en oeuvre une autre économie, « une économie qui ne se contente pas de satisfaire immodérément, ou même modérément, les attentes d’une minorité aux commandes, mais qui tente de répondre sans distinction au besoin de vivre de tous ». Il ne s’agit pas de revenir à une forme régulée de capitalisme, qui n’a jamais été « en mesure de résoudre les problèmes que son propre développement a fini par générer », ni d’adopter le modèle du collectivisme d’État, mais de mettre en place une économie libertaire, dont il se propose de tracer la forme générale.
Loin de se limiter à sa discipline scientifique, l’histoire la déborde. Guillaume Mazeau la définit comme « une pratique sociale » partagée qui englobe absolument « toutes les formes de fabrication du passé » et contribue « à la fabrique du commun ».
« Un drôle d’animal arriva un jour couvert de poussière. Il avait l’air fatigué, triste et effrayé. Il traînait une grosse valise derrière lui. » Les autres animaux, inquiets et curieux, l’interrogent sur le contenu de son bagage. Alors qu’il s’endort de fatigue, ils vérifient si celui-ci contient bien, comme il le prétend, une tasse à thé, une table et une chaise, une cabane avec une petite cuisine, une colline entourée d’arbres,…
Cette série de communiqués, dont la publication s’est étalée de janvier à mars 2013, constitue, en quelque sorte, une Sixième Déclaration, version 2.0. L’Autre Campagne et la Zeztas Internazional qui avaient accompagné la marche zapatiste lors de la campagne présidentielle mexicaine de 2006, laissent la place à la Sexta, unifiant les perspectives nationale et internationale pour accéder la réflexion sur ce que pourrait être un monde post-capitaliste.