« Une économie libertaire est une économie dont les rapports humains, les structures et le fonctionnement sont imprégnés des grandes valeurs et des grands principes que porte en son coeur l’anarchisme » : la liberté ou l’auto-décision, l’égalité, la responsabilité, la coopération sociale ou l’entraide, la justice sociale. Son but est la « généralisation du bien-vivre », tant individuel que collectif.
L’économie libertaire :
- s’oppose à toutes les formes d’enrichissement sans cause, atteinte à l’égalité socio-économique, et à toutes les formes d’économies reposant sur la domination lucrative ;
- reconnait l’existence de la propriété privée, débarrassée des abus, notamment celui de donner lieu à une rémunération pour elle-même, transmissible sans donner lieu à un enrichissement sans cause ;
- admet la diversité des formes de production, de répartition, de distribution et de consommation ;
- est une économie autogestionnaire, dans une société autogestionnaire ;
- valorise les « modes de distribution les plus sociaux », mais reconnait aussi ceux qui organisent un recouvrement des coûts de production. « En économie libertaire, l’échange marchand n’est pas lucratif. »
La société définit un plafond et un plancher de rémunération, et limite l’écart entre les deux. Est également versée à tous une rémunération générale et inconditionnelle, indépendamment du niveau de participation aux activités productives, afin de procurer à tous « les moyens de l’autonomie matérielle ».
« La monnaie est sinon indispensable, du moins d’emploi avantageux car plus pratique. »
La diminution du temps de travail rémunéré est permise par l’augmentation de la productivité et « l’inflexion des comportements de consommation ».
Frédéric Antonini complète ses propositions de notes se référant à des dispositifs similaires existants dans la société d’aujourd’hui, démontrant ainsi combien les germes de l’économie et de la société libertaire sont déjà présents, « en réalité et en potentialité ». Il rappelle également les expériences historiques (Ukraine entre 1917 et 1921, Espagne entre 1936 et 1939, kibboutz en Palestine-Israël) riches d’enseignements. « La réformation libertaire de l’économie et de la société constitue donc une voie réaliste du présent et de l’avenir, qui n’oublie pas le passé. »
Frédéric Antonini n’invente rien, il synthétise des pratiques et des pensées défendues depuis parfois un siècle et demi. Cet opuscule ne constitue pas un « programme définitif et dogmatique », comme il prend soin de prévenir dans sa préface, mais des « pistes et réflexions », comme le souligne le sous-titre, pour nourrir les débats et répondre aux détracteurs qui, par méconnaissance ou mauvaise fois, reprochent à l’anarchisme un manque de propositions concrètes.
POUR UNE ÉCONOMIE LIBERTAIRE
Pistes et réflexions
Frédéric Antonini
82 pages – 8 euros
Éditions Nada – Paris – Mai 2019
www.nada-editions.fr/
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