Le corps de Morgane, comme celui de toutes les femmes, est soumis aux injonctions permanentes. Et la maternité ne va rien arranger.
Adolescente, le gynécologue lui impose un examen alors qu’elle a ses règles et lui prescrit la pilule pour réguler son cycle et diminuer ses douleurs, sans discussion. Plus tard, étudiante en art dramatique, elle se trouve confrontée à un professeur qui préfère invisibiliser montrer des corps désirables ou sublimés par la mythologie que d’accepter que ses élèves développent des problématiques qui les touchent, comme la transformation du corps pendant la grossesse. Elle quitte son petit ami parce qu’il voudrait décider trop de choses à sa place. Ouvreuse, elle doit supporter les connards. Installée à Berlin, un nouveau compagnon nettement plus attentionné la convaincra de faire « ce grand saut dans l’inconnu ».
Avec beaucoup de justesse, Mathilde Ramadier passe en revue le poids des contraintes qui pèsent sur le corps des femmes. Les périodes qui précèdent et qui suivent l’accouchement de son personnage, témoignent de leur grande variété et focalisent l’attention, du fait des transformations physiques propres à ces moments. La scène au supermarché est, en ce sens, particulièrement caractéristique de la dépossession subie. Les illustrations de Camille Ulrich, avec une utilisation parcimonieuse de la couleur, s’attachent à transcrire les émotions avec beaucoup de vérité.
Ernest London
Le bibliothécaire-armurier
CORPS PUBLIC
Mathilde Ramadier et Camille Ulrich
Préface de Nancy Huston
160 pages – 22 euros
Éditions du Faubourg – Paris – Septembre 2025
editionsdufaubourg.fr/livre/corps-public-nouvelle-edition
Première édition : février 2021
De la même auteure :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire