Jack London utilise ici la dystopie, procédé
littéraire jouant sur la modification du déroulement d’événements historiques,
pour frapper les esprits, livrer son analyse du système capitalisme et de ses
conséquences à venir.
Décrivant une société américain proche de la sienne,
dans laquelle gouverne une oligarchie, prête à tout sacrifier pour augmenter son
pouvoir et sa fortune, il emprunte des faits, des déclarations réels pour
alimenter sa démonstration et extrapole un développement dramatique pour
indiquer la direction que prend le monde à ses yeux.
Nous suivons le parcours d’un leader
révolutionnaire, raconté par le journal de sa compagne, abondamment annoté par
un commentateur du XXIVe siècle, ce qui permet d’inscrire le récit
dans une perspective historique et de révéler un futur que la narratrice ne
peut qu’ignorer.
Les ressorts de l’impitoyable logique du capitalisme
sont analysés par les discours critiques du héros et ses différentes
conversations avec les autres responsables socialistes et leur confiance naïve
dans le système électoral, les chefs religieux et leur profonde méconnaissance
du prolétariat, les patrons de petites entreprises et leur colère contre les
monopoles qui n’appliquent qu’à grande échelle leur propres méthodes
finalement, l’aristocratie syndicale créée par l’oligarchie pour diviser et
régner, les prolétaires résignés et leur misère.
Les grèves, émeutes et tentatives de révolution
seront réprimées dans une sauvagerie impitoyable par ce « talon de
fer » d’une tyrannie imposée par étape et devenue de plus en plus
difficile à combattre malgré les moyens démocratiques existants (élections,
justice,…).
Aujourd’hui, dans une Europe sourde aux avis des
peuples, dans un monde où la quête du profit devient chaque jour plus indécente
et cynique, ce récit trouve un écho particulier.
Les éditions Libertalia propose une nouvelle
traduction, la précédente datant de 1923, assortie de l’ensemble des préfaces
publiées, de Léon Trosky, Anatole France, Paul Vaillant-Couturier, Bernard
Clavel et Francis Lacassin, ainsi qu’un avant propos de l’auteur, inédit en
français.
Roman visionnaire qu’il faut lire sans plus attendre
pour comprendre les jours sombres qui semblent approcher à grands pas.
LE TALON DE FER
Jack London
Traduction de Philippe Mortimer
464 pages – 16 euros.
Éditions Libertalia – Paris – novembre 2016
496 pages – 8,50 euros.
Éditions Libertalia – Paris – mai 2018
320 pages – 9,70 euros
Éditions Phébus – Collection Libretto – Paris –
janvier 2003
Traduction de Louis Positif.
Première parution chez The Macmillan Company – New York
- 1908
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