Une enquête démontre comment le nombre de morts dus au travail est minimisé en France, les entreprises évitant bien souvent de les déclarer comme tels pour des questions d’images mais aussi d’argent puisque l’assurance maladie « risques professionnels » est financée par les cotisations patronales tandis que la branche maladie l’est en partie par les salariés eux-mêmes. Des sous-traitants rétifs peuvent voir leurs contrats non reconduits. Un processus d’invisibilisation des effets du travail sur la santé existe aussi compte tenu des délais très longs entre l’exposition et le déclenchement d’une maladie (jusqu’à 40 ans pour les mésothéliomes).
Confronté au paradoxe que guérir et éradiquer les maladies fait chuter les profits, comme l’expliquait un analyste de Goldman Sachs, le dossier sur l’industrie pharmaceutique défend la nationalisation de la recherche et de la production de médicaments. Les laboratoires ont leurs blockbusters, des produits soulageant des pathologies liées à un mode de vie dit « occidental ». Ils ont dépensé 244 millions d’euros entre janvier 2012 et juin 2014 en distribution de petits cadeaux, repas, invitations à des colloques pour convaincre les professionnels de santé de l’utilité de médicaments qui n’en ont pas. Sanofi a été condamné en mai 2015 à une amende de 40 millions d’euros par l’Autorité de la concurrence, pour avoir mis en place une stratégie de dénigrement des médicaments génériques d’un de ses produits, le Plavix®, lui ayant rapporté 84 milliards d'euros. L’Agence Nationale de Sécurité du médicament (ANSM) n’effectue aucun test elle-même et d’après un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) de janvier 2011 suite à l’affaire du Mediator®, elle serait totalement phagocytée par les intérêts des labos qui ont l’habitude de rémunérer leurs actionnaires à hauteur de 20% par an. Non décidément, guérir des maladies n’est actuellement pas un modèle économique soutenable.
Macron a annoncé vouloir vendre pour dix milliards d’actifs de participations de l’État dans des entreprises. Dans la continuité de la privatisation des autoroutes par Dominique de Villepin, équipements financés par la collectivité et abandonnés au privé au moment où ils deviennaient rentables, il a cédé les aéroports de Lyon, Toulouse et Nice alors que même aux États-Unis ils demeurent propriété publique. L’investisseur chinois de celui de Toulouse s’est comporté comme un fonds rapace, pillant la trésorerie de l’entreprise pour s’octroyer des dividendes colossaux au détriment des investissements promis.
Privatiser un monopole est une absurdité car, garantissant une rente, l’entreprise qui le possède pourra augmenter les prix à sa guise au détriment du consommateur. De plus, sur un secteur où tous proposent la même chose (téléphonie, trains, bus, banques,…) se différencier de ses concurrents demande des prouesses de communication couteuse. Qu’à cela ne tienne, la Française des jeux, les aéroports de Paris seront bel et bien bradés eux aussi.
Un article reprend point par point le programme du Conseil National de la Résistance qu’annonçait justement vouloir « défaire méthodiquement » Denis Kessler, ancien vice-président du MEDEF, en 2007, et recense toutes les attaques contre le « modèle social français ». Brève réactualisation fort utile de l’ouvrage LES JOURS HEUREUX - Le Programme du Conseil National de la Résistance de mars 1944 : comment il a été écrit et mis en œuvre, et comment Sarkozy accélère sa démolition.
Sont aussi expliqués comment la formation professionnelle, d’outil d’émancipation devient progressivement un instrument de mise en concurrence des travailleurs, en quoi consiste la réforme des universités et pourquoi il faut supprimer les grandes écoles.
Ce travail de décryptage est remarquable. Fort heureusement les références à la France insoumise demeurent cantonnées aux trois premières pages qui reprennent quelques commentaires sur l’actualité publiés sur les réseaux sociaux.
« Drapé d’un pouvoir autocratique, bouffi de suffisance et aveuglé par son arrogance, le président fait gonfler les ruisseaux de colère et fédère les résistances. Cet adversaire a le mérite de la cohérence et ne s’embarrasse pas de concessions, même d’ordre symbolique, si bien qu’il agresse ls peuple avec autant de virulence qu’il met de douceur à cajoler les riches. Il s’apprête à découvrir que, au titre de ses « passions tristes », et plus qu’aucune autre, la France a la passion des révolutions. » Mais autant laisser le lecteur libre de tirer ses conclusions et de choisir ses moyens non ? Est-ce vraiment « révolutionnaire » de voter Mélenchon alors que son programme ne propose pas même de sortir du capitalisme au contraire de celui de Mitterrand en 1981 (et l’on a vu la suite) ?
FRUSTRATION N°14 – Été 2018
Trimestriel indépendant – Critique sociale pour le grand public
64 pages – 4,90 euros
Frustration la revue – Paris – Juin 2018
https://www.frustrationlarevue.fr/frustration-n14-sortie-le-1er-juin-2018/
Voir aussi :
LES JOURS HEUREUX - Le Programme du Conseil National de la Résistance de mars 1944 : comment il a été écrit et mis en œuvre, et comment Sarkozy accélère sa démolition.
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