6 juin 2018

MAI 68 ET LA LUTTE DES CLASSES EXPLIQUÉS AUX ENFANTS

Il y a dix ans, pour les 40 ans de mai 68, deux albums pour enfants sont parus, assez similaires dans l’approche. Et depuis, pas grand chose. C’est pourquoi nous avons élargie cette thématique à d’autres (tout aussi rares) titres évoquant les luttes sociales.




TOUS EN GRÈVE ! TOUS EN RÊVE !
Pef et Alain Serres
44 pages – 14,50 euros
Éditions Rue de monde – Voisin-le-Bretonneux – Avril 2008

Le procédé est classique mais néanmoins efficace : suivre un narrateur de l’âge du lecteur pour optimiser les possibilités d’identification et découvrir les événements par ses yeux. Le père de Martin fait grève avec ses collègues cheminots, tandis que sa grande soeur est étudiante. Évidemment, le père de son copain, lui, est contre les « feignants », pour pouvoir présenter un autre point de vue. C’est très bien ficelé et l’auteur aborde même les accords de Grenelle, symbole de la victoire pour le père de son héros  (alors qu’à l’époque le leader de la CGT a été sifflé
à Billancourt en annonçant les résultats des négociations aux ouvriers de l’usine Renault !) à qui les jeunes répondent tout de même : « Alors, ça y est, vous avez du fric, tout est terminé ?! Mais c’est quand qu’on change le pays tout entier ?! »
Des photos d'époque, légendées, viennent apporter à chaque double page un peu plus de contexte historique.
Pef réussit quelques magnifiques illustrations surtout lorsqu’il s’inspire d’affiches.







 
VÉRO EN MAI 
Yvan Pommaux et Pascale Bouchié
44 pages – 21,90 euros
Éditions L’École des loisirs – Paris – Avril 2008

Les décors des images d’Yvan Pommaux grouillent de détails documentaires, des couches en plastique lavables au buffet-bar-bureau vu de face puis de trois-quart, soigneusement ouvert. Il laisse trainer un peu partout des unes de journaux, pochettes de disques et publicités. Quand les personnages marchent dans la rue, ils croisent des passants qui commentent justement l’actualité. Cette joyeuse polyphonie participent à l’ambiance autant qu’à l’apport d’informations. Le grand frère de Véro, lycéen, plus concerné que vraiment politisé
, anime un peu plus les débats, par ses confrontations avec ses parents.
Habile mélange de tranches de vie généreusement documentées, cet album est avant tout une évocation des années 68 à laquelle les « événements de mai » sont judicieusement mêlés. La politique n’est finalement qu’un sujet de dispute pour adultes qui rend la vie beaucoup moins ennuyeuse que si tout le monde était toujours d’accord.




 

ZETTE ET ZOTTE À L’UZINE
Fabienne Cinquin et Elsa Valentin
44 pages – 16 euros
Éditions L’Atelier du poisson soluble – Le Puy-en-Velay – Mai 2018

Pure objet littéraire sans aucune vocation documentaire. L’auteur invente une langue pétillante et zézayante pour raconter une « grave » de « zouvrilleuses » dans une « uzine qui fabricolait des habits de louxe ». Ce procédé permet d’aborder de façon non dogmatique mais très directe, et sous couvert d’humour, la lutte des classes (« pour gagner plus de beurre dans les zépinards »), les délocalisations (avec des « zouvrilleuses » payées « à coup de lance-miettes ») et même l’autogestion. Bien plus efficace qu’un cours de marxisme !






Voir aussi :

HISTOIRE DU PETIT TABOURET

LE CANARD FERMIER







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire