Un long dossier, entouré par une chronologie des principaux évènements, propose une histoire populaire de ce printemps insurrectionnel, en particulier de la journée du 13 juin qui vit le siège de la préfecture, levé par la satisfaction des revendications, et de celle du 24 lors de laquelle la place Royale fut rebaptisée « Place du Peuple » et l’Hôtel de ville occupé par un comité central de grève qui expérimentera les prémisses d’une autogestion, avant que les bureaucraties syndicales ne remettent la France au travail à partir du 4 juin. Le premier numéro des Cahiers de mai, consacré à la Commune de Nantes expliquait : « Nous avons tous été témoins, au mois de mai, d’un spectacle défendu. Nous avons vu le roi nu, chancelant, battant l’air de ses bras. Nous savons que cet État est excessivement vulnérable, qu’il n’a pas la solidité de la pierre avec laquelle sont construits les bâtiments officiels. Nous avons découverts en nous une force inouïe, au sens précis du mot. Une force jamais vue auparavant […] voilà le spectacle défendu, voilà le secret du mois de mai. Durant plusieurs jours, l’État était moribond, la bourgeoisie avait virtuellement perdu le pouvoir. »
Le récit de la répression de la ZAD est aussi dense et intense. Le gouvernement doit venger l’affront de la victoire du mouvement anti-aéroport et construire un spectacle pour détourner l’attention générale des luttes sociales en montrant des images marquantes d’un retour à l’ordre dans le bocage et pour intimider tous les récalcitrants. L’agenda de Macron pour ce printemps qui prévoyait d’écraser toutes les contestations afin qu’elles ne se relèvent pas, utilisant autant la force que le « dialogue » et le mensonge, s’enlise face à une résistance reposant sur la pluralité du mouvement. Un parallèle intéressant est proposé avec le Chiapas où les zapatistes avaient très tôt signé un armistice avec l’État mexicain pour gagner du temps face à une armée beaucoup plus puissante, compromis tactique pour éviter l’écrasement immédiat. Vingt-cinq ans après ils tiennent toujours des territoires autonomes et ingouvernables.
Abondamment illustré, avec notamment les derniers tags et slogans de banderoles du cortège de tête, toujours aussi inventifs, percutants et drôles, rédigé sur un ton incisif et parfaitement documenté, ce nouveau numéro s’affirme une nouvelle fois comme un porte-parole de l’insoumission (la vraie) et des luttes en cours contre un « régime qui ne tient plus que par sa police ». À commander en plusieurs exemplaires pour les diffuser de toute urgence !
NANTES RÉVOLTÉE N°3 - Mai/juin 2018
Mai 68 - Zad - Agitations
Collectif
48 pages – 2 euros
Nantes – Février/Mars 2018
https://www.facebook.com/Nantes.Revoltee/
Pour le commander : nantesrevoltee.lejournal@riseup.net
Numéros précédents :
NANTES RÉVOLTÉE – Numéro 0
NANTES RÉVOLTÉE – Numéro 1
NANTES RÉVOLTÉE – Numéro 2
NANTES RÉVOLTÉE – Numéro 4 - Nos désirs font désordre
Sur la ZAD :
SAISONS - Nouvelles de la ZAD
- ÉLOGES DES MAUVAISES HERBES - Ce que nous devons à la ZAD
LE MONDE DES GRANDS PROJETS ET SES ENNEMIS
De Bertold Brecht :
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